Les rapports que The War Zone a obtenus révèlent de nouveaux détails sur les incidents d’essaimage au large de la Californie du Sud en 2019 et de nombreux autres à travers le Pacifique.
PAR JOSEPH TREVITHICK|PUBLIÉ LE 14 OCTOBRE 2022
La marine américaine a publié 35 brefs rapports concernant divers incidents impliquant ses navires et installations et des petits systèmes d’aéronefs sans équipage non identifiés, ou UAS, sur toute l’étendue du Pacifique entre 2016 et 2021. Tous les rapports ne sont pas notables, et certains sont clairement inoffensifs, mais d’autres fournissent absolument des informations supplémentaires. des preuves de inquiétantes que The War Zone a activement rapporté au cours des dernières années. Parmi les rapports récemment publiés, par exemple, il y en a un qui couvre une inquiétante rencontre que le destroyer de classe Arleigh Burke USS Paul Hamilton a eu avec quatre drones dans le Pacifique au large de la côte sud de la Californie en 2019, que vous pouvez lire dans nos reportages précédents ici.
The War Zone a obtenu ces documents en réponse à une demande en vertu de la loi sur la liberté d’information (FOIA) adressée à la flotte du Pacifique de la marine américaine (PACFLT) pour les rapports d’incidents d’UAS effectués par le biais du système de rapport OPREP-3 entre 2017 et le 22 avril 2021. Les rapports que la Marine a publiés, qui peuvent inclure un incident survenu en 2016, sont tous non classifiés et ne comportent que des expurgations liées à la vie privée. Le PACFLT a retenu en totalité 116 autres rapports qu’il a trouvés, mais qui, selon lui, étaient classifiés.
Les 35 rapports publiés couvrent tous ce qui est décrit comme des rencontres avec des « systèmes d’aéronefs sans pilote/technologies aéronautiques non traditionnelles (UAS/NTAT) ». NTAT semble être un terme principalement utilisé par le ministère de la sécurité intérieure, plutôt que par le ministère de la défense. Aucun d’entre eux ne mentionne des objets volants non identifiés (OVNI) ou les phénomènes aériens non identifiés (UAP), ces derniers étant le terme utilisé par l’armée américaine pour désigner ces choses. Ils ne semblent pas non plus contenir de descriptions de performances extrêmes ou de capacités inexplicables.
Comme déjà indiqué, un incident impliquant l’USS Paul Hamilton dans la nuit du 30 au 31 juillet 2019 figure parmi les rapports. Il s’agit de l’une des séries de rencontres d’essaims de drones que les équipages de plusieurs navires de la Marine ont signalés alors qu’ils opéraient à proximité des îles Channel de Californie, au large de la côte de San Diego, cette année-là. The War Zone a publié de nombreux articles sur ces incidents sur la base de précédentes demandes FOIA et autres informations et documents que la Navy a publié.
Ce rapport récemment publié dit ce qui suit au sujet de cette rencontre :
Le PHM [USS Paul Hamilton] a observé quatre UAS avec un CPA [point d’approche le plus proche] à environ 182 mètres de la proue, des faisceaux bâbord et tribord. Le temps de présence des UAS a été d’environ 2 heures et 20 minutes. Le premier UAS a été repéré par les vigies à 0240L. Il a été observé avec une seule lumière blanche solide à l’avant bâbord. À 0326L, alors que le PHM virait au cap 180T, un second UAS a été observé en train de clignoter vers la proue et le pont du PHM, avec ce qui semblait être un projecteur ou un dispositif photographique. L’UAS s’est approché à moins de 450 mètres du PHM, en manœuvrant à plusieurs reprises de l’arrière vers l’avant. A 0330L, un UAS avec quatre lumières blanches et une lumière rouge clignotante a plané à environ 182 mètres au-dessus du PHM et a manœuvré de l’arrière vers l’avant. A 0332L, un autre UAS a plané sans lumière à environ 300-500 yards de la proue du PHM et a de nouveau éclairé la proue et le pont avec ce qui semblait être un projecteur ou un appareil photographique. Le PHM s’est dirigé vers l’est, après quoi le UAS a manœuvré pour suivre le cap et la vitesse du PHM, avant de quitter la zone sur le côté bâbord du PHM. Des UAS ont été vus dans le voisinage immédiat du PHM de 0240L à 0530L. Le point d’origine de tous les UASs est inconnu. Les UAS ont été observés visuellement, avec un système de visée optique, et des lunettes de vision nocturne. Trois UAS ont été identifiés visuellement comme étant des quadcoptères.
Une grande partie de cette information est conforme aux détails qui ont déjà émergé au sujet de cet incident, notamment que les drones étaient avec certitude identifiés par le destroyer, de manière visuelle, et à l’aide d’autres capteurs. Cependant, le fait que ces drones ont braqué ou fait briller « un projecteur ou un dispositif photographique » sur la proue et le pont du navire à plusieurs reprises est une nouvelle information. On ne sait pas ce qui a pu se passer, mais c’est certainement un autre signe que les UAS pourraient avoir été engagés dans une sorte d’activité de surveillance ou de collecte de renseignements.
Il est également intéressant de noter que malgré tout cela, aucune contre-mesure n’a été employée et que la Marine a déterminé qu’il n’y avait pas d’impact sur la capacité du navire à effectuer les missions qui lui sont assignées ou à opérer en toute sécurité.
La vidéo ci-dessous d’un drone non identifié a été prise par le personnel à bord de l’USS Paul Hamilton en juillet 2019.
Quatre autres rapports couvrent des incidents distincts qui se sont produits dans la ville portuaire chinoise de Hong Kong ou dans ses environs. Parmi ceux-ci, le rapport sur une rencontre que le destroyer de classe Arleigh Burke USS Chafee a eue avec deux drones non identifiés alors qu’il naviguait dans le port principal de la ville le 2 octobre 2017, est de loin le plus intéressant. La section narrative du rapport se lit comme suit :
BLUF [Bottom Line Up Front] : A approximativement 1/2000W (2/1400LOCAL) OCT, en entrant dans le port de Hong Kong, l’USS CHAFEE a été approché par 2x UAS. Ce qui suit est basé sur le rapport vocal initial du C7F BWC [Commandant, Capitaine de quart de bataille de la 7ème flotte américaine] au CPF [Commandant, Flotte Pacifique américaine] (2/0225W OCT 17) : –Un UAS a atterri sur le CHAFEE et a été sécurisé par la force du navire. Le second UAS s’est enfui de la proximité du navire. -AMEMBASSY [ambassade américaine ; une référence apparente au Consulat général des États-Unis à] Hong Kong a conseillé au CHAFEE de garder l’UAS sous sa garde et de le remettre à l’équipe du NCIS [Naval Criminal Investigative Service] à son arrivée – ETA : 2/1700W (3/1000LOCAL) OCT Rapport vocal relayé au PACOM JOC [U.S. Pacific Command Joint Operations Center] dès réception.
P 030005Z OCT 17 FM USS CHAFEE MSGID/OPREP-3,USMTF,2005/CHAFEE/024// REF/A/DESC: RAPPORT INITIAL À ISIC/CHAFEE/021015ZOCT17// REF/B/DOC/OPNAV/04OCT2011 // NARR/REF A RAPPORT VOCAL INITIAL À ISIC. REF B IS OPNAV INSlRUCTION F3100.6J CH-2.// FLAGWORD/OPREP 3, NAVY UNIT SITREP/-/ TIMELOC/020947ZOCT2017 /2217N 11407E/INIT// GENTEXT/INCIDENT IDENTIFICATION AND DETAILS/ 1. INCIDENT : AIRBORNE SURVEILLANCE 2. DATE OF INCIDENT : 02OCT2017 3. TIME. DE L’INCIDENT : 1747 (FUSEAU HORAIRE DE L’INDE) 4. LIEU DE L’INCIDENT : À L’INTÉRIEUR DU PORT, PRÈS DU QUAI DE LA MARINE MARCHANDE DE CHINE, À HONG KONG, HK 5. L’un d’entre eux a atterri sur le pont arrière du côté tribord. LE SECOND DRONE A ÉTÉ REPÉRÉ AU-DESSUS DU MÂT, À BÂBORD. 1759 LE SECOND DRONE EST PARTI UNE FOIS QUE LE PREMIER A ATTERRI SUR LE PONT. 1815 LE PREMIER DRONE A ÉTÉ CONFISQUÉ PAR LA FORCE DU NAVIRE. LA CARTE SD A ÉTÉ RETIRÉE. LE DRONE A ÉTÉ MIS EN SÉCURITÉ DANS UN ESPACE VERROUILLÉ. 1945 NCIS NOTIFIE ET ARRIVE LE 03OCT17 POUR RECUPERER LE DRONE. 6. INTÉRÊT DES MÉDIAS : NON PRÉVU 7. ÉVALUATION DU COMMANDANT : CAPABLE DE CONTINUER LA MISSION ACTUELLE. RAPPORT FINAL DE CET INCIDENT.
Il va sans dire que le fait que l’un des drones impliqués dans cet incident ait atterri sur le pont du navire est à la fois extrêmement intéressant – d’autant plus qu’il ne semble pas avoir été divulgué avant aujourd’hui – et potentiellement inquiétant. Comme The War Zone l’a exploré en profondeur dans le passé, même un petit drone commercial de type quadcopter peut être modifié pour transporter des munitions ou des explosifs, ou d’autres dangereuses charges utiles . Le fait que le département d’État [via le consulat des États-Unis à Hong Kong] ait été mis au courant souligne la nature potentiellement très sensible de l’événement.
Le fait que cet incident particulier ait été officiellement classé dans la catégorie « surveillance » des navires est également remarquable. Aucune autre information n’est fournie quant à ce que les enquêtes ultérieures ont permis de déterminer au sujet du drone ou de son compagnon, de ce qu’ils faisaient et des informations qu’ils ont pu recueillir. On ne sait pas non plus si les autorités de Hong Kong ou d’ailleurs en Chine ont été informées ou ont posé des questions sur cet incident.
Les détails sur le premier des trois incidents restants liés à Hong Kong sont limités et le navire de la Marine qui a été impliqué n’est pas nommé. Bien que le rapport ait été enregistré en 2017, les métadonnées qui l’accompagnent suggèrent qu’il s’est produit en 2016, ou qu’il a au moins été initialement signalé cette année-là via le centre d’alerte aux menaces multiples (MTAC) du NCIS à Quantico, en Virginie.
« Un UAS quadcopter a semblé effectuer une éventuelle surveillance d’un navire du DON [Department of the Navy] lors d’une visite portuaire à HK [Hong Kong] », indique le bref récit d’accompagnement. « L’UAS a été observé à trois occasions différentes pour inclure l’escale d’arrivée du navire DON et son départ. »
On dispose de beaucoup plus d’informations sur les rencontres que le navire d’assaut amphibie de classe Wasp USS Makin Island a eues avec plusieurs drones près de Hong Kong sur une période de trois jours en avril 2017. Le récit de ce rapport, qui provient en partie des détails fournis par une équipe d’interprétation et d’exploitation nautique appelée SNOOPIE du navire, dit :
06/1600W Avril 2017- L’UAS a été identifié visuellement sur le quart tribord du MKI [USS Makin Island] alors que le MKI arrivait à l’ancrage à HONK KONG. LE SUAS EST RESTÉ EN VOL STATIONNAIRE À ENVIRON 100 MÈTRES DU CÔTÉ TRIBORD PENDANT 5 MINUTES, À LA MÊME HAUTEUR QUE L’AILE DU PONT. LE SUAS A CONTINUÉ À VOLER LE LONG DU CÔTÉ TRIBORD DU NAVIRE AVANT DE PASSER À L’ARRIÈRE ET DE PRENDRE POSITION DU CÔTÉ BÂBORD. LE SUAS EST RESTÉ EN VOL STATIONNAIRE PENDANT ENVIRON 5 MINUTES AVANT DE REVENIR VERS LE CÔTÉ TRIBORD DU MKI ET DE REPARTIR. L’ÉQUIPE DE SNOOPIE MKI A PERDU LA VIDÉO À 1618W.
07/1800W Avril 2017- L’UAS A ÉTÉ VIDÉ SUR LE QUARTIER DU PORT de MKI Tandis qu’il était à l’ancrage à HONG KONG. A APPROX. 0400Z, L’UAS S’EST APPROCHÉ DE L’AVANT BÂBORD ET A SURVOLÉ LE NAVIRE VERS L’ARRIÈRE TRIBORD AVEC UNE ALTITUDE D’ENVIRON 30 METRES AU-DESSUS DU PONT D’ENVOL (NIVEAU 09). IL EST RESTÉ EN VOL STATIONNAIRE PRÈS DE L’ARRIÈRE DU NAVIRE PENDANT ENVIRON UNE MINUTE, PUIS S’EST DIRIGÉ VERS LE QUAI DES PÊCHEURS. A 4H35Z, UN DEUXIÈME UAS A ÉTÉ APERÇU À TRIBORD AU NIVEAU DU FRONT, CADRE 20. L’UAS EST RESTÉ EN VOL STATIONNAIRE DEVANT LE FRONT PENDANT 2 MINUTES, PUIS IL EST REMONTÉ RAPIDEMENT JUSQU’À ENVIRON 150 METRES. AGL PUIS SE DIRIGE VERS LE FISHERMAN’S WHARF. TROISIÈME OBSERVATION À 0449Z À TRIBORD, AU NIVEAU DU FRONT, CADRE 20 ; IL S’EST DÉPLACÉ VERS L’ARRIÈRE AU-DESSUS DU MÂT PRINCIPAL, EST DESCENDU À ENVIRON 2 METRES AU-DESSUS DU NIVEAU DU PONT À L’ARRIÈRE, PUIS EST DESCENDU DE L’EXTRÉMITÉ ARRIÈRE DU NAVIRE, PROBABLEMENT VERS LA QUEUE, PUIS S’EST DIRIGÉ VERS LE QUAI DES PÊCHEURS. QUATRIÈME OBSERVATION À 0548Z, L’UAS A FAIT LE TOUR DU MKI DE BÂBORD ARRIÈRE À L’AVANT PUIS EST REVENU À TRIBORD ARRIÈRE, PUIS EST RETOURNÉ VERS LE FISHERMAN’S WHARF. DESCRIPTION DU UAS : NOIR, QUADCOPTÈRE, PAS DE MARQUES DISTINCTIVES, 45 CM DE DIAMÈTRE, A FAIT UN FORT BOURDONNEMENT.
08/1700- 2359W Avril 2017- PLUSIEURS UAS QUADCOPTER ont volé autour de MKI de 1100 au coucher du soleil. LES SUAS ÉTAIENT À ENVIRON 30 METRES AU-DESSUS DU PONT D’ENVOL ALORS QU’ILS TOURNAIENT AUTOUR DE MKI. DESCRIPTION DES UAS : PLUSIEURS QUADCOPTÈRES DE DIFFÉRENTS MODÈLES ET COULEURS, TOUS LES UAS ONT ÉMIS UN FORT BOURDONNEMENT.
08/1800-2100W- UN UAS A VOLÉ AUTOUR DE MKI COMME IL L’AVAIT FAIT LE 08APR17. L’UAS A ÉTÉ FILMÉ SUR LE QUART BÂBORD DE MKI ALORS QU’IL ÉTAIT AU MOUILLAGE À HONG KONG. A APPROX. 1730W, UN ROVER DE SURFACE SIGNALE UN UAS BLANC QUI EST PASSÉ AUTOUR DU MKI À ENVIRON 30 METRES AU-DESSUS DU PONT D’ENVOL. IL A FAIT DE NOMBREUX CERCLES AUTOUR DU MKI. DESCRIPTION DU SUAS : BLANC, QUADCOPTÈRE, PAS DE MARQUES DISTINCTIVES, 12-18″ DE DIAMÈTRE, A FAIT UN FORT BOURDONNEMENT.
Le porte-avions de classe Nimitz USS Ronald Reagan a lui aussi rencontré de multiples drones le 3 octobre 2017, autour de sa visite portuaire à Hong Kong. Le rapport d’incident en l’occurrence indique :
Toutes les heures sont exprimées en heure de Hong Kong (HKT). INCIDENT 1) VERS 0630-0635, UN UAS A ÉTÉ OBSERVÉ À ENVIRON 100 METRES AU LARGE DU TRAVERS BÂBORD, IL A TRAVERSÉ LA PROUE JUSQU’AU TRAVERS BÂBORD PUIS A QUITTÉ LA ZONE.INCIDENT 2) VERS 0640-0642, UN DEUXIÈME DRONE S’EST APPROCHÉ À PARTIR DE 0340 ET A PLANÉ À ENVIRON 150 METRES AU LARGE DU TRAVERS BÂBORD PUIS A QUITTÉ LA ZONE.INCIDENT 3) VERS 0730-0737, UN TROISIÈME DRONE A ÉTÉ OBSERVÉ À LA PROUE TRIBORD, A TRAVERSÉ L’ARRIÈRE ET A PLANÉ AU-DESSUS DU PONT D’ENVOL.INCIDENT 4) VERS 0748-0759, UN QUATRIÈME UAS A ÉTÉ OBSERVÉ AU LARGE DE LA PROUE ET S’EST DÉPLACÉ DE L’AVANT VERS L’ARRIÈRE, PUIS EST REVENU VERS L’AVANT AVANT DE PARTIR.INCIDENT 5) VERS 0752-0757, UN CINQUIÈME UAS A ÉTÉ OBSERVÉ AU LARGE DE LA POUPE DU NAVIRE, A FAIT DEUX FOIS LE TOUR DU NAVIRE ET A QUITTÉ LA ZONE.INCIDENT 6) VERS 0806- 0816, UN SIXIÈME UAS A ÉTÉ OBSERVÉ EN TRAIN DE CONTOURNER LE NAVIRE AVANT DE PARTIR.INCIDENT 7) VERS 0830 0835, UN SEPTIÈME UAS A ÉTÉ OBSERVÉ À 0180 R, IL A CONTOURNÉ LE NAVIRE ET EST PARTI. AUCUNE ARME N’A ÉTÉ OBSERVÉE. AU COURS DES INCIDENTS, LES MANŒUVRES ÉTAIENT SÛRES ET SEMBLAIENT UTILISER LE SYSTÈME DE CAMÉRA EMBARQUE DU UAS POUR OBSERVER LE NAVIRE, SANS IMPACT SUR LE REAGAN. LE REAGAN NE SEMBLAIT PAS ÊTRE EN DANGER LORSQU’IL ÉTAIT AU MOUILLAGE.
Un autre des rapports porte sur un incident sur l’autre rive du Pacifique, le 19 juillet 2019, où des agents du NCIS ont interrogé un ressortissant chinois qui faisait voler un petit drone dans les environs de la marina de Rainbow Bay, près de Pearl Harbor, sur l’île d’Oahu. » L’opérateur du drone… a déclaré qu’il venait de terminer sa visite du mémorial [USS] Arizona et qu’il avait décidé de tester son nouveau drone…. [en prenant] une vue des voiliers de la marina de Rainbow Bay », indique le récit du rapport.
« Rainbow Bay Marine se trouve sur une propriété fédérale située en dehors du paramètre [sic ; périmètre] de l’installation [Pearl Harbor] », poursuit le document. « Le NCIS est arrivé sur place, a procédé à des vérifications des antécédents du système et n’a trouvé aucune indication d’activité suspecte. L’opérateur du drone a volontairement permis aux agents du NCIS d’inspecter et d’examiner ses biens. »
Bien que le rapport indique clairement que rien n’indique que cet incident ait été fâcheux, plusieurs touristes chinois présumés ont été arrêtés entre 2018 et 2020 pour avoir pénétré dans diverses installations de la marine et avoir pris des photos de ces installations. Ces incidents ont conduit à des poursuites et à des condamnations et ont suscité des discussions sur de potentiels efforts coordonnés chinois d’espionnage, avec l’utilisation de citoyens Chinois privés à l’étranger.
D’autres incidents liés au Pearl Harbor sont traités dans les autres rapports. À au moins trois occasions, le FBI a été soit impliqué directement dans l’enquête par la suite, soit a été informé d’une autre manière. Il s’agit notamment d’un incident survenu le 19 juin 2018, au cours duquel la Joint Terrorism Task Force du Bureau et le NCIS ont interrogé un individu non identifié et confisqué son drone après qu’il ait volé son appareil au-delà d’une clôture d’enceinte.
D’autres incidents manifestement préoccupants figurent parmi les rapports, dont un qui s’est produit dans la nuit du 30 au 31 janvier 2017 sur la base de la Marine à Bangor, dans l’État de Washington, qui abrite un certain nombre de sous-marins lanceurs d’engins de classe Ohio, ainsi que les trois sous-marins secrets et hautement spécialisés Seawolf de classe d’attaque, dont le sous-marin espion USS Jimmy Carter, entre autres. Elle abrite également un important stock d’ogives nucléaires les plus puissantes du monde. Le récit complet de cet incident est le suivant :
LES FORCES DE SÉCURITÉ DU CORPS DES MARINES DE BANGOR ONT INITIALEMENT REPÉRÉ UN SYSTÈME AÉRIEN SANS PILOTE (UAS) S’APPROCHANT DU NORD-OUEST DE LEUR POSITION AU-DELÀ DE LA BARRIÈRE DE SÉCURITÉ DU PORT ENTRE ENVIRON 2300-0000W LES 30 ET 31 JANVIER 2017. L’UAS A VOLÉ À BASSE ALTITUDE AU-DESSUS DE LA JETÉE MARGINAL, PUIS A CONTINUÉ VERS LE SUD-EST JUSQU’À NE PLUS ÊTRE VISIBLE EN RAISON DE LA DISTANCE. SELON UN TÉMOIN OCULAIRE, L’UAS A ÉTEINT SES LUMIÈRES EXTERNES EN S’APPROCHANT DE LA JETÉE MARGINAL. L’UAS A ÉTÉ SIGNALÉ COMME AYANT UN CORPS DE QUAD-COPTER AVEC UNE LUMIÈRE DORÉE CONSTANTE ET UNE LUMIÈRE ROUGE CLIGNOTANTE. VERS 1 H 45 W, LE PERSONNEL A SIGNALÉ QUE L’UAS S’APPROCHAIT DE LA ZONE DE TOANDAS AU NORD-OUEST DE LEUR POSITION. L’UAS A ÉTÉ SIGNALÉ À 500 PIEDS AU-DESSUS DU SOL OU MOINS EN ALTITUDE, SE DÉPLAÇANT À 10-15 MPH, ET A ÉTÉ DÉCRIT COMME AYANT 4 LUMIÈRES BLANCHES FIXES DANS UN MODÈLE CARRÉ AVEC UNE LUMIÈRE ROUGE CLIGNOTANTE. UNE OBSERVATION DE SUIVI A EU LIEU PAR LES FORCES DE SÉCURITÉ DU CORPS DES MARINES DE BANGOR À ENVIRON 031 SW. LES OBSERVATIONS INITIALES ONT INDIQUÉ QUE L’UAS PLANAIT AU-DESSUS DE LA BARRIÈRE DE SÉCURITÉ DU PORT, À PROXIMITÉ DE LA BOUÉE 14-16, AVANT DE SE DIRIGER VERS LE SUD-EST PAR LA JETÉE MARGINALE VERS LE QUAI DE MANUTENTION DES EXPLOSIFS (EHW)-1 ET EHW-2. L’UAS A ENSUITE BAISSÉ D’ALTITUDE DEVANT L’ENTRÉE DE EHW-1 AU BORD DE L’EAU, L’UAS A ENSUITE PRIS DE L’ALTITUDE ET A VOLÉ VERS LE SUD AU-DESSUS DE EHW-2 AVANT DE TOURNER VERS LE SUD-EST À L’EXTRÉMITÉ NORD DE LA JETÉE MARGINALE, ET DE DISPARAÎTRE DANS LES ARBRES. UN ARTILLEUR À BORD DES FORCES DE SÉCURITÉ DU CORPS DES MARINES DE BANGOR A DÉCRIT L’UAS COMME UN UAS DE STYLE QUAD-COPTER, EN UTILISANT DES LUNETTES DE VISION NOCTURNE. L’ÉVALUATION DES INTENTIONS EST UNE SURVEILLANCE. IL N’Y A PAS EU DE CONFIRMATION DE L’OBSERVATION PAR LA TOUR DE SURVEILLANCE TERRESTRE PERSISTANTE (PGST). DES OPÉRATIONS EHW ÉTAIENT EN COURS PENDANT LE SURVOL.
Le rapport souligne le fait que des opérations de manipulation d’explosifs étaient en cours dans cette partie de l’installation pendant cette surveillance apparente. D’autres incidents liés à des drones autour de cette base navale et d’autres installations associées, qui constituent la base navale de Kitsap, sont inclus dans ces rapports, dont certains sont également décrits comme résultant probablement d’une surveillance. Au moins un incident a entraîné l’intervention du FBI. L’activité des drones non identifiés autour de ces installations a été signalée publiquement dans le passé, et nombre de ces incidents ont été minimisés par le service.
Un autre incident, survenu le 2 août 2019, a vu un petit drone voler à moins de 300 pieds du croiseur de classe Ticonderoga USS Mobile Bay alors que le navire était en visite à Seattle, dans l’État de Washington, pour un événement de la semaine de la flotte. Fait intéressant, l’équipage du navire n’a été alerté de la présence du drone que par les ingénieurs du Naval Air Systems Command (NAVAIR) qui assistaient à l’événement.
« L’officier de surveillance de Mobile Bay n’avait pas initialement de visuel sur l’UAS. Cependant, après avoir affiné la localisation de l’UAS avec les ingénieurs de NavAir, l’officier de surveillance de Mobile Bay a obtenu le visuel [sic] de l’UAS », selon le rapport. « L’UAS a été vu en vol stationnaire au-dessus d’un bâtiment et a ensuite atterri hors de vue. Les ingénieurs de NavAir ont convenu que l’UAS n’était pas une menace. Aucune arme n’a été observée. »
Tous les incidents mentionnés dans les rapports ne concernent pas des drones opérants très près des navires de la Marine. Toujours le 2 août 2019, le Avenger Classe navire de lutte contre les mines USS Patriot naviguait en mer des Philippines lorsque l’équipage a repéré ce qui semblait être un avion sans équipage volant à environ 700 mètres au-dessus du navire.
Le drone apparent a été observé « se déplaçant de l’avant vers l’arrière. 40 minutes plus tard, le contact a effectué un second passage sur le côté tribord, de l’arrière vers l’avant », indique le rapport. « Le point d’approche le plus proche était d’environ 1800 mètres. Impossible d’acquérir des images en raison de l’altitude, de la portée et de la faible luminosité. »
Certains des rapports mentionnent que des contre-mesures aux drones étaient disponibles et/ou employées, mais un système spécifique ne semble être identifié par son nom qu’à une seule occasion. Lors d’un incident sur la base navale de Guam le 6 juillet 2020, un système Drone Defender était « en station » mais n’a pas été employé car « l’engagement ne répondait pas aux critères », selon le rapport en question.
Il est intéressant de noter que l’un des rapports concernant un incident survenu à Pearl Harbor le 17 août 2018 indique spécifiquement qu’à ce moment-là, » aucune capacité électronique C-sUAS [contre les petits systèmes aériens sans équipage] n’existe à JBPHH [Joint Base Pearl Harbor-Hickam]. «
Ce ne sont là que quelques-uns des détails contenus dans les 35 rapports publiés. Comme nous l’avons déjà noté, certains des incidents, comme le cas d’un militaire non identifié surpris en train de piloter un modèle réduit d’avion radiocommandé sans l’autorisation préalable du commandant de la base de Fleet Activities Yokosuka au Japon, semblent tout à fait anodins.
Vous pouvez trouver des copies des 35 rapports d’incidents ici.
Comme nous l’avons déjà noté, nous savons que ces 35 rapports n’englobent pas tous les incidents de drones que la flotte du Pacifique de la Marine a enregistrés entre 2017 et 2021. The War Zone prévoit de faire appel de la décision du service selon laquelle aucune partie des 116 autres rapports qu’il a localisés ne pourrait être divulguée.
En outre, les rapports semblent avoir été générés à partir de la base de données de l’U.S. Pacific Command (maintenant U.S. Indo-Pacific Command), plutôt que de celle de la Marine. Le schéma de numérotation des rapports indique qu’il y a bien plus de 151 incidents dans cette « base de données d’incidents UAS », ce qui suggère qu’elle pourrait contenir des incidents impliquant d’autres branches de l’armée américaine.
D’autres services ont certainement signalé des incidents de drones dans la région du Pacifique qui ne sont pas inclus dans ces rapports nouvellement publiés. Par exemple, The War Zone a été le premier à faire état d’autres incidents de drones inquiétants qui se sont produits sur la base aérienne d’Andersen de l’armée de l’air américaine à Guam en 2019 et qui ont vu plusieurs drones survoler la batterie THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) exploitée par l’armée américaine sur place.
En outre, il est bien établi que l’armée américaine, ainsi que d’autres agences gouvernementales américaines, ont enregistré diverses rencontres avec des drones non identifiés, dont certaines ont été très préoccupantes en dehors de la région du Pacifique. The War Zone a déjà obtenu des rapports via la FOIA ou d’une autre manière sur les rencontres de la Navy et de l’Air Force le long de la côte est des États-Unis, entre autres, ainsi que sur les rencontres de drones non identifiés domestiques liées à des infrastructures non-militaires. Nous avons même pu réunir une base de données accessible au publique des incidents domestiques enregistrés par l’Administration fédérale de l’aviation (FAA).
Les 35 rapports récemment publiés ne présentent pas non plus le même degré de granularité dans leurs détails. Les rapports sont tous compilés à l’aide d’un formulaire d’incident standard, mais dans certains cas, certains champs, tels que ceux qui sont censés indiquer si des contre-mesures ont été employées ou non, ou si les interactions ont été jugées dangereuses, ont simplement été laissés vides. Des mentions telles que « Incident UAS – Contre-mesure employée » et « Incident UAS- Non sécurisé » apparaissent dans tous les rapports, mais elles ne signifient pas automatiquement que ces choses sont vraies. Des mentions comme « Oui »/ »Y » ou « Non »/ »N », ou même « N/A », sont clairement censées être saisies dans le champ adjacent du formulaire.
Quoi qu’il en soit, les rapports publiés par la Marine soulignent que les rencontres avec des drones sont devenues courantes, et que certaines d’entre elles peuvent en fait être le fait d’adversaires ou potentiels pour espionner, surveiller ou harceler les forces américaines sur le territoire national et à l’étranger. Les rapports mettent également en évidence les difficultés rencontrées par les forces américaines pour répondre à ces incidents.
The War Zone a souligné à plusieurs reprises comment ce type d’activité potentiellement hostile est responsable de certaines des observations d’OVNI/UAP rapportées, comme vous pouvez le lire dans cet article. Nous avons également noté que l’armée américaine, ainsi que d’autres organisations américaines gouvernementales, ont encore beaucoup de retard lorsqu’il s’agit de mettre en place des capacités de lutte contre les drones et de développer des tactiques, des techniques et des procédures pour savoir comment et quand les utiliser, en particulier en réponse à des incidents nationaux.
The War Zone prévoit toujours d’approfondir les 35 rapports publiés par la marine pour voir quels autres détails importants peuvent y figurer.
Nous remercions tout particulièrement les collaborateurs de The War Zone, Marc Cecotti et Adam Kehoe, qui ont obtenu ces rapports d’incidents de drones de la marine et nous ont aidés à rédiger cette histoire.
Contactez l’auteur : joe@thedrive.com
Commentaires de Toledo
Depuis une dizaine d’années, les drones sont devenus populaires, et oui, on les confonds souvent avec des…soucoupes volantes.
Dans cet article, je pense que ces drones sont la plupart du temps pilotés par des geeks qui aiment assouvir leurs curiosités, un peu comme le drone qui s’est finalement posé à même le bateau, et dont la carte mémoire a été saisie…Mais dans d’autres situations, des drones grands publiques sont certainement utilisés à des fins d’espionnage par des agents à l’étranger.
Ces appareils sont devenus très performants et bons marchés, et si simple à acquérir. Un Dji Mavik 3 a une autonomie d’une dizaine de km, filme en HD, est capable de se déplacer en détectant les obstacles, ou de suivre automatiquement un sujet…Et on parle de 1’500 euros.
Ce n’est pas la premier article concernant les drones, je vous propose de relire les sujets suivants:
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