Dr. Beatriz Villarroel – Guide des astronomes civils pour la recherche sur les PAN

Toledo, le 21 janvier 2024


Résumé de Toledo

Aujourd’hui, je vais vous présenter un nouvel article, un nouveau manuscrit que j’ai soumis avec mon collègue, le professeur Kevin Cunas, qui est professeur d’astronomie à Texas A&M. Il fait partie des équipes travaillant sur l’énergie noire et la recherche de supernovæ.

L’état de la recherche sur les PAN parmi les scientifiques

Réfléchissons ensemble à l’état actuel de la science dans la recherche sur les Phénomènes Aériens Non Identifiés (PAN), ou plus précisément à l’attitude des scientifiques vis-à-vis de ce sujet.

En tant que scientifiques, nous évoluons souvent dans un paysage de recherche très difficile à naviguer. Il existe très peu d’études ouvertes et transparentes, et les données de qualité sur les PAN sont extrêmement rares. Cela est principalement dû aux 70 ans de stigmatisation qui ont rendu très compliqué pour les scientifiques d’examiner et de juger ce phénomène objectivement.

Lorsqu’on analyse les milliers, voire les dizaines de milliers de rapports d’observation de PAN, un problème majeur apparaît : ces observations proviennent de témoins humains, et nos sens ne sont pas calibrés scientifiquement. Or, en astronomie, nous avons l’habitude de calibrer nos instruments d’observation pour assurer la fiabilité des mesures. Par exemple, lorsque nous observons une étoile et essayons d’estimer sa luminosité, nous nous assurons d’avoir des instruments précis et calibrés pour éviter les erreurs d’interprétation.

Un autre obstacle majeur à la recherche scientifique sur les PAN est la stigmatisation du sujet. Pendant 70 ans, cette stigmatisation a empêché les astronomes et les scientifiques de s’intéresser sérieusement à ce phénomène. Bien que la situation s’améliore aujourd’hui – elle est nettement meilleure qu’il y a dix ans – elle reste encore un frein considérable.

Une étude récente publiée dans Nature a révélé que 69 % des professeurs d’université américains refusent d’étudier ce sujet par crainte du ridicule. Ce chiffre est énorme et démontre à quel point la stigmatisation persiste.

Enjeux liés à la sécurité nationale

En plus de la stigmatisation, il y a aussi une composante liée à la sécurité nationale.

Lorsqu’un universitaire commence à s’intéresser aux PAN, il n’a généralement aucune idée des implications que cela peut avoir en termes de sécurité. Ce n’est qu’en approfondissant ses recherches qu’il se rend compte que le sujet est étroitement surveillé et sensible à cause de son lien avec la défense et la surveillance aérienne.

La « stigmatisation du proche de la Terre »

Un de mes collègues a formulé une observation intéressante : il existe aujourd’hui tout un domaine de recherche consacré aux technosignatures, c’est-à-dire aux signes technologiques potentiels d’une intelligence extraterrestre.

Ce domaine inclut la recherche de sphères de Dyson, la détection de ceintures de satellites autour d’autres étoiles, la recherche de signaux radio provenant de civilisations avancées, etc. Toutes ces recherches font partie du programme SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence).

Mais il y a un paradoxe :
✅ Il est totalement accepté de chercher des signes de vie extraterrestre à des années-lumière de la Terre.
❌ En revanche, chercher des preuves potentielles d’une intelligence non humaine près de la Terre est encore largement tabou.

C’est ce que nous appelons la « stigmatisation du proche de la Terre ».

Ce phénomène influence fortement la recherche sur les sondes extraterrestres et les PAN. Les chercheurs qui tentent d’explorer cette possibilité se heurtent à de nombreux obstacles :

  • Difficulté à publier des articles : De nombreuses revues scientifiques refusent d’accepter des travaux sur ce sujet.
  • Rejets dans les conférences : Peu d’événements scientifiques acceptent des présentations sur les PAN.
  • Censure sur les plateformes de prépublication : Il faut parfois attendre des semaines avant qu’un article soit accepté sur les serveurs de prépublications astronomiques.

Témoignages d’astronomes et observations historiques

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les astronomes ont observé des phénomènes aériens inexpliqués pendant des siècles.

Jacques Vallée a compilé une liste impressionnante d’observations réalisées par des scientifiques depuis plusieurs centaines d’années.

L’un des exemples les plus célèbres est celui de l’astronome Charles Messier, qui a observé des objets sombres se déplaçant pendant une éclipse lunaire. Il savait qu’il ne s’agissait pas d’oiseaux et a tenté de comprendre ce qu’il voyait, mais nous ne savons toujours pas ce que c’était.

En 1977, une enquête menée auprès de 1 300 astronomes par l’American Astronomical Society a révélé que 62 d’entre eux avaient observé un OVNI.

Pourtant, l’argument le plus souvent avancé par mes collègues est :
« Si des OVNIs existaient, nos télescopes les auraient détectés depuis longtemps. »

Or, cette enquête prouve que cet argument est totalement faux.

La nécessité d’une approche scientifique rigoureuse

En tant qu’astronomes, nous aimons travailler avec des capteurs calibrés et obtenir des données précises et mesurables. Une observation scientifique doit être bien documentée et répondre à plusieurs critères :

  1. l’observation s’est-elle produite ?
  2. À quel moment ?
  3. Dans quelles conditions météorologiques ?
  4. L’observation est-elle fiable ? (Certaines anomalies peuvent être causées par des artefacts optiques).

L’un des problèmes majeurs des observations de PAN est que les témoins humains ne sont pas des instruments de mesure calibrés.

Un autre défi moderne concerne la prolifération des deepfakes. Les astronomes sont entraînés à analyser des objets célestes, mais pas à détecter des vidéos falsifiées d’OVNIs.

Une méthode scientifique pour l’étude des PAN

Avec Kevin Cunas, nous avons réfléchi à une approche scientifique rigoureuse pour étudier les PAN.

La méthode scientifique hypothético-déductive repose sur trois étapes fondamentales :

  1. Formuler une hypothèse testable.
  2. Concevoir une expérience spécifique pour tester cette hypothèse.
  3. Analyser les résultats et ajuster l’hypothèse en fonction des données.

Actuellement, de nombreux chercheurs analysent les PAN de manière exploratoire, mais sans appliquer de méthode hypothético-déductive rigoureuse.

Si nous voulons vraiment faire avancer la recherche sur les PAN, nous devons poser des questions précises et testables scientifiquement.

Par exemple :
Les PAN représentent-ils un danger aérien ou maritime ?
Les PAN peuvent-ils provoquer des effets sur la santé humaine ?
Peut-on détecter des artefacts d’intelligence non humaine ?

Rechercher des sondes extraterrestres

Notre projet ExoProbe a pour objectif de rechercher des sondes extraterrestres potentielles dans l’espace proche.

Nous avons installé un premier télescope au Nouveau-Mexique et nous cherchons à étendre le projet en collaboration avec d’autres astronomes.

L’idée est de rechercher des signatures spécifiques d’objets inconnus, comme des flashs lumineux brefs et inexpliqués.

Nous pensons que si nous mettons en place une recherche organisée et systématique, nous pourrons réellement faire avancer la compréhension scientifique du phénomène.