Non pas parce que l’évolution technologique ne le permettrait pas, mais parce que notre évolution nous aura propulsé dans une nouvelle réalité.
Par Toledo, le 7 octobre 2024
Nous tentons d’imaginer constamment les technologies du futur, mais l’exercice porte souvent sur un aspect précis, comme un hypothétique moteur à distorsion, en éludant les progrès éventuels, que nous ferions en parallèle.
Je pense que le jour où nous aurons ce fameux moteur, beaucoup d’autres choses auront également changé.
Par exemple, d’ici là, nous aurons peut-être réussi à transférer la conscience humaine dans des ordinateurs.
Grâce à la miniaturisation, ces derniers seraient extrêmement petits, légers, économes en énergie, pesant seulement quelques microgrammes, et nous pourrions les déployer à des vitesses énormes à travers tout l’univers.
Ainsi dématérialisés, nous n’aurions plus les besoins physiologiques que nous connaissons dans le monde matériel, comme manger ou se reposer, et le voyage à travers l’univers qui nous a vus naître serait sans importance, car sans forme physique, le temps et la distance perdraient leur signification.
Nous vivrions et grandirions dans un monde virtuel où nous pourrions vaquer à nos occupations, évoluer et nous développer selon nos inspirations, nous habiller comme bon nous semble, construire les maisons de nos rêves, nous déplacer sans contraintes, et tout cela sans même polluer notre environnement artificiel constitué de 0 et de 1.
Nous serions donc encapsulés dans cette seconde réalité virtuelle, qui surpasserait largement notre environnement direct, que nous finirions rapidement par ignorer.
Aujourd’hui déjà, nous nous déplaçons quotidiennement au milieu des villes, plongés dans notre téléphone et ses vidéos TikTok, imperméables aux flux directs de notre environnement.
Que nous croisions ou non d’autres créatures intelligentes n’aurait qu’un intérêt très limité, car l’objectif ultime de cet essaimage serait de survivre à la mort de notre planète, de perpétuer la connaissance humaine, de gérer notre nouveau « chez nous » et de nous abandonner aux loisirs, qui prennent au fil du temps une importance grandissante.
Si un Égyptien observait un avion se poser à Ibiza, il s’attendrait à ce qu’en sortent des dieux.
Et certainement pas des fêtards ivres portant un chapeau de paille et des tongs.
Nous aurions donc créé un univers dans l’univers, autosuffisant, totalement déconnecté de la couche physique dans laquelle nous vivons aujourd’hui, qui nous limite avec ses lois physiques à la con, particulièrement restrictives pour notre espèce sous sa forme actuelle.
À contrario, nous pourrions y définir nos propres lois et le modeler comme bon nous semble.
Peut-être que des grains de poussière traversent constamment notre système solaire, hébergeant des civilisations vivants dans des univers virtuels infiniment plus vastes que l’univers réel.
Il ne viendrait probablement même pas à l’idée de ces habitants de s’arrêter pour nous dire bonjour, simplement parce que nous serions totalement incapables de communiquer avec eux sur le plan technique et rationnel.
Ce serait un peu comme si je prêtais mon iPhone à un homme de Cro-Magnon pour qu’il commande son biface sur Amazon, ou son hameçon en os de cerf sur Wish.
Je crois surtout qu’il me regarderait bêtement avec ses grands yeux vides et son front proéminent.
Les systèmes techniques de redondance feraient en sorte que nous serions dupliqués sur plusieurs grains de poussière.
Ainsi, dans l’éventualité extrêmement rare — étant donné l’immensité de l’univers — où l’un d’eux serait détruit, absorbé par la gravité d’une étoile ou par une improbable collision, nous serions préservés.
Cette méthode d’encapsulation est largement utilisée dans le domaine technique.
Ceux qui ont des bases en communication numérique savent que les données transmises ne sont pas altérées, car des couches inférieures gèrent les différents protocoles physiques et logiques, ainsi que les retransmissions des trames manquantes ou incomplètes.
Il est possible de créer la Perfection sur un socle qui, lui, ne l’est pas ; c’est la beauté du Génie intellectuel.
Ce que j’essaie de vous dire, c’est que nous cherchons aujourd’hui, à travers le progrès, de créer un moteur superluminique. Et peut-être même que nous y parviendrons.
Cependant, durant tout ce temps, le reste de notre civilisation évoluera également, tout comme nos attentes et nos besoins. Le progrès apportera de nouvelles opportunités qui changeront totalement nos aspirations et notre style de vie.
Le moteur luminique sera alors aussi utile dans le futur que le rêve du tapis volant l’est aujourd’hui : une idée dépassée, peu efficace, et bien trop limitée pour transporter les tonnes de marchandises et les millions de passagers qui traversent nos cieux, sans compter les dégâts irréversibles aux coupes de cheveux de ses passagers.
Les « vaisseaux » du futur ne transporteront pas des cosmonautes en tenue orange à la merci d’un ordinateur diabolique, ou des bouffons en pyjama aux oreilles pointues.
Ils seront le nouvel univers de toute l’humanité, un lieu fait peut-être de paix et de tolérance, permettant à des personnes de danser dans le désert sans risquer de se faire violer ou égorger.
En bref, les « idées folles » que nous imaginons pour le futur finissent souvent par ne servir à rien, prises dans leur contexte réel, au moment voulu.
Voici pourquoi je suis toujours sceptique lorsque j’entends dire que des petits bonshommes Michelin se sont posés pour faire des prélèvements dans un champ de patates, découper une vache vivante, ou enlever un couple un peu perdu dans la quarantaine.
C’est juste hors sujet…
Peut-être que les extraterrestres existent bel et bien, mais ils auraient créé leurs propres réalités, totalement inaccessibles à nos esprits encore primitifs et incomplets, avec des soucis très au-delà de notre compréhension.
…Un peu comme si je devais expliquer à un moine bouddhiste vivant il y a 3000 ans que son imprimante n’est plus supportée sous Windows 11, qui nécessite hélas un peu plus de RAM et l’UEFI pour pouvoir être installé….